Sur le feu

Coronavirus : la chauve-souris, un plat traditionnel controversé

En pleine épidémie de Coronavirus, la chauve-souris est accusée d’être à l’origine de la maladie. Retour sur les pratiques alimentaires autour de ce mammifère ailé.

Il a suffi d’une vidéo montrant une soupe de chauve-souris pour enflammer le web. Pendant onze secondes, on y voit le cadavre d’une chauve-souris baigner dans une soupe marron. Sur Twitter, beaucoup ont fait le rapprochement avec l’épidémie de Coronavirus. Parfois un peu trop hâtivement. Le lien entre la chauve-souris et ce virus qui provoque des maladies respiratoires et a tué 80 personnes en Chine n’a rien de si évident.

Les chercheurs de l’Institut Pasteur de Shanghai ont indiqué dans la revue The Lancet, que l’animal serait porteur de deux virus de la famille du Coronavirus : le SRAS et le MERS. Le SRAS est à l’origine d’une épidémie meurtrière en 2002-2003 dans la Province de Guangdong. Dans le cas de l’épidémie actuelle, la chauve-souris n’aurait pas transmis directement la maladie à l’homme. L’intermédiaire demeure pour l’instant inconnu. Il pourrait s’agir de la civette ou du serpent. Ces animaux sont vendus illégalement sur le marché de Wuhan, lieu d’origine de l’épidémie.

La chauve-souris, aliment light et protéiné

En Chine, la chauve-souris est symbole de bonheur, longévité et prospérité. Elle est consommée dans plusieurs régions d’Asie et d’Océanie. Grillée, frite, en ragoût ou sautée, elle aurait le goût du poulet selon l’encyclopédie culinaire Oxford companion to food.

Les Chinois vantent sa faible teneur en matières grasses et son fort taux de protéines. Selon les croyances, la viande de chauve-souris guérirait l’asthme et les problèmes de reins. Elle reste néanmoins un nid à virus. Sa consommation entraîne aussi des maladies neurologiques mortelles, avec des symptômes proches de ceux de la maladie de Parkinson.

L’animal figurait bien sur une liste de 112 produits offerts à la vente par un des commerçants du marché de Wuhan, baptisé «Gibier et animaux d’élevage pour les masses». «Congelés et livrés à votre porte dès l’abattage», proclamait la brochure, qui offrait à la vente des animaux vivants aussi variés que des rats, des renards, des crocodiles, des louveteaux, des salamandres géantes, des serpents, des paons, des porc-épics ou de la viande de chameau.

Temporairement, il est impossible de consommer de la chauve-souris en Chine. Le gouvernement a interdit dimanche l’élevage, le transport ou la vente de toutes les espèces animales sauvages jusqu’à la fin de l’épidémie.