Sur le feu

Bien-être animal : le ministre de l’Agriculture laisse les associations sur leur faim

Poussins, porcelets… L’élevage destiné à l’industrie alimentaire est dans le viseur du gouvernement. Mais le plan dévoilé ce matin présente des lacunes, dénoncent les associations.

Le voilà enfin : attendu à l’origine pour le mois d’octobre, le plan pour la protection et l’amélioration du bien-être animal a été présenté par Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation ce mardi 28 janvier. « L’animal d’élevage ou de compagnie est un être sensible, indique le ministre dans le document. Le présent plan gouvernemental vient compléter et renforcer les mesures déjà en vigueur. » Au micro de RMC, le ministre a toutefois précisé : « Ce n’est pas la fin de l’élevage. »

Interdiction du broyage des poussins

Au programme de ce document de cinq pages, une quinzaine de mesures, dont plusieurs concernent l’alimentation des Français. Deux d’entre elles pourraient satisfaire les associations : d’abord, l’interdiction de la castration à vif des porcelets, utilisée pour annihiler les odeurs dans la viande émises par les hormones sexuelles des verrats. Ensuite, la fin du broyage des poussins, visant à supprimer les poussins mâles des élevages de poules pondeuses. Ces deux mesures devraient entrer en vigueur d’ici à 2021.

« On est très satisfaits de la mesure sur le castrage des porcelets, puisqu’on mène campagne depuis 2016 sur ce sujet-là », explique Pauline Di Nicolantonio, militante de l’association Welfarm. « Sur l’ensemble des mesures, l’interdiction du broyage des poussins et du castrage à vif des porcelets semblent relativement ambitieuses par rapport aux autres. »

« C’est un peu l’arbre qui cache la forêt. »

Bonne nouvelle également pour les consommateurs, Didier Guillaume réclame « une information claire et compréhensible pour le consommateur sur les modes d’élevage ». Une méthode déjà en pratique dans la production d’œufs, puisque sur les emballages figurent des codes allant de 0 à 3 et indiquant si les poules sont élevées en plein air et bio (0) ou dans des bâtiments et en cages (3).

Les associations de défense du bien-être animal, comme L214 ou CIWF, saluent le plan de l’exécutif, en pointant du doigt des lacunes. Brigitte Gothière, de L214, estime ainsi dans Le Figaro : « Rien n’indique si ces mesures feront l’objet d’une loi ou de règlements. » Toutes regrettent le grand absent du document : l’abattage rituel, controversé car réalisé sans étourdissement.

Aucune mesure ne mentionne les abattoirs, alors même que les vidéos pirates dénonçant les conditions d’abattages des animaux d’élevage se sont multipliées ces dernières années. « La question de la vidéosurveillance dans les abattoirs, que l’on réclame depuis des années, ou celle des cadences d’abattage beaucoup trop importantes, auraient dû faire l’objet de mesures, estime Pauline Di Nicolantonio. On est également déçus que le ministre n’ait pas profité de ces annonces pour interdire l’élevage de poules en cages. » Elle conclut : « Sur la castration des cochons, ça reste positif. Mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. »